Patrick Quinot.
Un artiste n’est pas le fruit
du hasard. C’est tout un parcours, un chemin où rien n’est hasard. Pour
certains l’art est plaisir ou hobbies, synonyme de distraction, il peut être
aussi thérapeutique pour d’autres. L’art peut vous appeler, comme ont est
appelé pour être homme de foi, ou homme de loi.
C’est plus qu’une vocation pour Patrick Quinot. Souvent il nous dira qu’il
se sent appelé à être homme médecin, médecin de l’âme. Nous ne sommes pas loin
de l’approche chamanique. L’outil est l’art. Le médium est devenu avec le temps
pluridisciplinaire. Lorsqu’on est confronté à l’œuvre de Patrick Quinot, on
peut pénétrer de plusieurs façons dans un monde en expansion, il est d’une part
en prise sur la vie de tous les jours avec un combat plus technique tenant
compte de l’histoire même de l’art, cherchant à inscrire justement son œuvre
dans une contemporanéité sans excès pour un art dit avant-gardiste, tout en
acceptant un art venant du passé. D’autre part une recherche très personnelle
des questions existentielles, où, tout être, un jour est confronté.
Des le départ, et bien avant d’assumer son travail au yeux du public, il se
rend compte des prédispositions qu’il a avec les différentes techniques. Cette
aisance ne l’empêche pas d’étudier et de rester un éternelle étudiant.
Remettant au quotidien tout en question, ses traits picturaux qu’il forge par
des séances de modèle vivant, qu’il pratique comme un musicien faisant ses
gammes, les pistes qu’il emprunte, les supports qu’il utilise, ses réflexions
philosophiques, les écrits des hommes, l’homme et même dieux. Il est peintre
parmi les humains, homme de son temps.
A la fin de notre siècle, chaque artiste porte une lourde charge, celle du
passé de l’art qui, par suite des brisures et des revirements continuels, est
devenu un labyrinthe complexe où l’on se perd facilement dans les nombreuses
impasses. Ceux qui s’aventurent dans ce domaine avec leurs talents découvrent
que, précisément au vingtième siècle, bien plus de choses ont changé au niveau
de la société et de l’art que dans l’ensemble des siècles passés. Nous vivons
au siècle de l’image largement Médiatisée. Tout ce que nous avons observé, vu
et plus ou moins retenu, influence inconsciemment notre façon de percevoir
l’art d’aujourd’hui. Il n’est plus possible de dresser un tableau des courants,
écoles et jugements en vigueur. Nous sommes en présence d’un réseau copieux d’actions
et de, réactions, de courants et de contre-courants, d’un dédale
d’interférences où l’artiste doit se frayer un chemin. Un tableau en appelle un
autre, certains détails renvoient au passé artistique récent. Personne ne peut
plus ignorer les grands précurseurs de l’art moderne, allant de Van Gogh à
Christo. On a le regard tourné vers eux et cet héritage pèse lourd. Un artiste
de notre époque ne peut pas se comporter comme un ingénu ignorant. Il est, par
définition, impliqué dans les méandres des anciennes questions et des réponses
toujours reformulées, et peut-être en est-il prisonnier, alors qu’on attend de
lui qu’il conçoive une image neuve, inédite, puisque c’est le rôle d’un
artiste. Les dernières années du vingtième siècle ont vu la fin de la dictature
de l’avant-garde et il semble qu’un vaste champ se soit ouvert devant nous,
prêt à accueillir de nouveaux sillons, permettant à l’artiste de reconsidérer
sa position. Il devra choisir: rejoindre la tradition existante, se perdre dans
un labyrinthe historique, ou tenter de s’y soustraire. Il peut également
explorer les pistes que l’histoire a négligées, ou bien, avec un éclectisme
sain, recueillir çà et là ce qui lui convient. Cette nouvelle approche et
l’ensemble de ce processus montre graduellement que l’art revendique de nouveau
sa liberté.
Patrick Quinot se bat les dix premières années avec la ligne, la
figuration, comment être libre du poids que le passé nous donne, du regard des
avant-gardistes souvent extrémiste qui dans les années nonante nous impose
encore leurs dictatures. Il s’inscrit a l‘académie des beaux arts de Namur et
fréquente les cours de Jean-Pierre Gonthier, il s’en suivras un dure rapport de
force constructif. Sous influence de son maître d’école, Quinot appréhende la
matière. Durant ces années académique il quitte définitivement la figuration
pour une abstraction symbolique, tout en peaufinant son approche philosophique,
mettant en place son future œuvre. Libérer des dogmes, toujours en place,
Patrick Quinot peu enfin nous présenter dans les années deux mille une œuvre en
devenir.
L’origine Belge.
Patrick Quinot est né en Belgique le six mai 1963 à Namur. Il est le fils
unique d’une famille originaire de la Gaume et de la Flandre. La particularité
belge est le bilinguisme, voir le trilinguisme, une moitié de son pays ne parle
pas la même langue. De ces multiples différences même l’art n’a pas la même
origine. L’influence de la peinture flamande du nord est opposée à la peinture
italienne du sud, riche elle aussi. Dans l’histoire belge bien des précurseurs
ont vu le jour. Quinot dans ses études aura comme guide des artistes Belges
bien différent, certains l’aiderons à comprendre la peinture comme René
Magritte, mais des peintres comme Bruegel, Constant Permeke, Rubens, Henri
Michaux, Paul Delvaux, et même dans sa ville Félicien Rops seront présent tout
au long de ces années académique. Tout comme la Belgique l’est, on retrouve ces
différences et divisions, cette ambivalence chez Quinot. C’est quelque chose
d’amusant chez lui, voir, même de récurant. Il est souvent confronté tout au
long de sa vie d’homme et de plasticien à plusieurs choix. Il le dira souvent,
« je suis au confluent de toute chose et chaque jour j’en perçois l’importance,
même ma ville en est un exemple ». Namur n’est t’elle pas le confluent de la
Meuse et de la Sambre. Sa ville est le point de départ d’une aventure qu’il
voudrait universelle et si hier, il voyageait dans son moi intérieur,
aujourd’hui de son atelier – galerie, il prépare à son rythme un voyage
laissant là et là des traces de son œuvre. A Namur il est un acteur culturel
incontournable dans les différentes manifestations organisées dans la ville.
Même son atelier devient un espace de rencontre, rencontre avec le public, avec
les artistes de toutes disciplines et les enfants avec qui à travers des cours
et des stages il tente de faire découvrir l’énorme possibilité qu’est l’art
pour nous exprimer. L’homme lui-même est un personnage, vivant tous les
instants avec passions avec une spiritualité qui illumine son œuvre.
L’œuvre ne peut laisser indifférent, car il y a aussi des pistes, des
questions posées (que nous remettons à plus tard par crainte !) questions que
nous n’aimons pas et qui pourtant font tellement partie de nous, la mort, la
vie… Il y a des œuvres qui nous remuent le « moi » profond, qui
bousculent notre mémoire, qui nous attirent ou nous mettent simplement en face
de nous même. Des œuvres qui nous parlent dans un langage qui nous semble
antérieur et qui pourtant nous semble familier. Des œuvres qui taquinent notre
mémoire. Patrick Quinot vit et a son atelier dans le vieux Namur, vivant son
art comme les anciens, à même la rue (il aime le dire). En effet, il a son
atelier dans le piétonnier Namurois, qu’il laisse entrouvert pour que le
passant, « l’être », entre à son rythme et découvre cette œuvre qui
nous bouleverse. Ses couleurs chaudes, bouillantes de vie, riches en matière,
nous séduisent étrangement, car à son approche, à la lecture plus approfondie
de l’œuvre, c’est tout l’être qui se transcende.
Voilà plus de vingt ans déjà qu’il travaille, qu’il cherche des réponses à
nos questions existentielles. Qu’il met des couleurs, des formes, de la matière
à nos « pourquoi » ! Pourquoi la vie ? La mort ? Pourquoi le temps ? Cet espace
temps entre les deux points cardinaux à tout être vivant, qui sommes-nous et
d’où venons-nous ? Il revisite les pistes déjà empruntées, en ouvre de
nouvelles. S’inscrit dans son temps, remet tout en question tout en tenant
compte comme nous l’avons écrit plus haut de l’histoire même et de sont combat.
Il réinvente la ligne plonge dans la matière et nous offre de son fil rouge une
œuvre complète, abordant la deuxième et la troisième dimension, mettant le
spectateur dans le rôle d’acteur avec son happening (performance publique) où
il nous propose de laisser nos traces dans son œuvre, qui devient alors œuvre
collective.
Happening
(performance publique)
De ses œuvres au noir, travail pictural intégrant des avis de décès,
Patrick Quinot lançait ses toiles vers l’œuvre au blanc. Depuis vingt ans, la
démarche du Namurois est intimement liée à la mort, à la vie, à la notion
d’espace-temps, à l’idée de la durée et de l’instant. Simple constat : nous
avons tous, besoin d’exister, de durer au-delà de nos dates de naissance et de
décès. C’est ce que nous propose Quinot au travers de cette nouvelle piste de
recherche artistique… Traces des vivants : a l’issue d’une réflexion
introspective, tout un chacun est invité à lui confier une date existentielle,
chargée émotionnellement et de se définir sur qui l’on est, afin qu’il livre au
temps en les gravant sur une toile, œuvre d’art en devenir. Dans le travail du
namurois, aux traces des morts sur nécrologies succèdent ainsi celles des
vivants, gonflées de la chaleur de la rencontre… Le peintre namurois, à déjà
récolter des milliers de témoignages sur toiles, à travers toutes la Belgique.
L’œuvre au blanc est un concept dans la recherche picturale de Quinot, dont
ses grandes préoccupations sont des questions existentielles : « Qui sommes
nous ? » « Pourquoi avons-nous un espace temps différent les uns des autres
pour devenir ? » Dans l’œuvre au blanc, Quinot va à la rencontre de l’autre.
Aujourd’hui il est à la rencontre du monde pour lui demander « Qui es-tu ? » Il
est conceptuel, avec ses installations de sculptures, ses « golems »,
que l’on voit un peu partout en Belgique (nous les avons vus, à Oostende, Gent,
Liège, Mouscron, Bruxelles, Hollande, Istanbul et bientôt les Etat Unis et le
Japon).
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